L'acte d'infanticide d'Elisabeth GILBERT
Nous avons pu suivre une page d'histoire de la famille GILBERT et la naissance ambiguë de notre Grand-père Antonin avec sa mère Léonie.
Aujourd'hui l'histoire lugubre mais bien réelle qui suit se situe toujours dans le cadre de la famille GILBERT en 1846, à Céaux-d'Allègre au lieu-dit Pinet.
Nous ne sommes pas au temps des "bébés congelés" car les congélateurs n'existaient pas à cette époque, mais c'est tout comme...
(Un petit point de repère dans le blog : Abres généalogiques - Descendance de André Gilbert - Personne concernée Elizabeth Gilbert - 5e génération - Référence V16)
Etienne Gilbert de Chéneville Varennes-Saint-Honorat, époux de Marianne Chambon (notre branche directe) avait une fille Elizabeth mariée à Céaux-d'Allègre avec Jean-François Chaptard dont elle a eu quatre enfants. Elle fut veuve dix ans après en 1839. Elle se remarie le 2 Novembre 1844 avec Jean-François Durand toujours à Céaux-d'Allègre. Il est quelque peu curieux de lire dans son acte de naissance ainsi que dans l'acte de mariage de sa dernière fille "morte civilement le 20 Mars 1846", mais de là à imaginer la suite de l'histoire...
Arrêtée le 24 Septembre 1845 par la Cour Royale de Riom, Chambre des mises en accusation, elle est condamnée le 20 Mars 1846 aux travaux forcés à perpétuité avec exposition. Je vous livre le résumé de son acte d'accusation :
Elizabeth Gilbert, femme de Jean-François Durand est accusé d'avoir
1.Dans le mois de Février de l'année 1841, au lieu-dit Pinet commune de Céaux-d'Allègre, commis un homicide volontaire sur la personne d'un enfant nouveau-né dont elle était accouchée.
2.Dans le mois de Juin 1843, au même lieu, volontairement commis homicide sur la personne d'un autre enfant nouveau-né dont elle était accouchée.
3.Dans la nuit du 5 au 6 Juin 1845, au même lieu de Pinet, volontairement commis homicide sur la personne d'un troisième enfant nouveau-né dont elle était accouchée.
... En application des articles de la loi, la Cour
- Condamne Elizabeth Gilbert, femme de Jean-François Durand, âgée de 37 ans, née à Chéneville commune de Varennes-Saint-Honorat, famille honorable, propriétaire demeurant au lieu de Pinet à Céaux-d'Allègre à la peine des travaux forcés à perpétuité et ordonne qu'avant de subir sa peine la condamnée demeure une heure exposée au regard du peuple sur la place publique.
Le généalogiste qui m'a transmis ces documents (qui est un petit cousin à la 5e ou 6e génération) m'a même précisé que les nouveau-nés auraient été enterrés dans son jardin. Vérité ou non, peu importe vu l'ampleur des faits.
Notre Elizabeth a donc été transportée sur la place Martouret au Puy-en-Velay (place principale du Puy) le 15 Juin 1846 où, attachée à un poteau à ce destiné, elle fut exposée aux regards du peuple de onze heures jusqu'à midi, ayant sur sa tête un panneau portant en caractères gras et lisibles son nom, sa profession, son domicile, sa peine et la cause de sa condamnation. Elle fut ensuite transférée au bagne de Montpellier. Elle y décèdera le 22 Janvier 1863 à cinquante trois ans et après dix sept années de bagne.