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Les scieurs de long

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Le sciage proprement dit

La technique ne s'adressait pas uniquement aux Auvergnats, Foréziens et Limousins, mais à tous les scieurs de long, avec des particularités régionales.

Aux bûcherons incombait la tâche délicate et dangereuse d'abattre les arbres et aux scieurs de long celle tout aussi dangereuse de les scier. Chaque arbre à abattre portait l'empreinte que l'exploitant forestier appliquait avec son marteau. Pendant longtemps, les adjudications des coupes ont eu lieu fin septembre, l'exploitation pouvait commencer dans la foulée, dans le respect de la réglementation.

              Adjudication d'une coupe de bois à Troyes en 1814            Catalogue pour la ventes des coupes de bois en 1896.


L'abattage se faisait entre octobre et avril, c'est à dire pendant le repos de la végétation. Pour diriger la chute de l'arbre, le bûcheron pratiquait une encoche d'un côté. A l'opposé, la hache d'abattage bien en mains, il donnait de grands coups secs et précis, le fer de la cognée pénétrait plus profondément, les copeaux étoles ou taillons sautaient alentour ; l'arbre frissonnait, gémissait, craquait... le bûcheron reculait, attendait... l'arbre chutait dans un tragique fracas.

A l'utilisation de la cognée, les bûcherons ont ajouté l'emploi du passe-partout Ils s'arrangeaient toujours pour couper le plus près possible de terre, cela avait un double avantage, le fût était plus long et la souche ne les entravait pas. Au sol, l'arbre était étêté, ébranché puis souvent écorcé. Les scieurs le tronçonnaient abattus, aux longueurs souhaitées.

Rien n'était gaspillé, toute partie soigneusement recueillie et branches servaient pour la fabrication des sabots ou du charbon de bois, les autres, liées en fagots, approvisionnaient, tout un chacun en bois de chauffage et alimentaient les fours du boulanger, du verrier, du tuilier... jusqu'à l'écorce des jeunes chênes qui était rassemblée en bottes et acheminée vers les tanneries.

Une équipe de scieurs de long ne comprenait pas moins de deux ouvriers. L'équipe type en comptait trois : le doleur (équarrisseur) (équarrir : en partant du bois rond, le rendre carré) ou bûcheur, place réservée au chef d'équipe. Celui-ci avait acquis son autorité par son habileté à aiguiser les lames d'outils, son esprit d'entreprise. Le doleur s'occupait des repas. Le chevrier était le scieur d'en haut. Dans une équipe de deux c'était le chef ou le singe qui occupait cette place, le renard était le scieur d'en bas. Le sciage progressant, le scieur du bas finissait assis au sol pour pouvoir tirer à lui la scie ; quant à celui du dessus il paraissait dans une position d'équilibre tout à fait inconfortable.

Plusieurs équipes constituaient une brigade, dans ce cas un doleur suffisait pour plusieurs paires de scieurs de long. La durée d'une journée de travail était conditionnée par celle du jour, les scieurs de long réputés pour leur endurance s'échinaient durant 12 à 15 heures, pour une activité peu rémunératrice. Toutefois ils rapportaient plus d'argent en fin de campagne, qu'il s'en gagnait dans d'autres corps de métier tels les raccommodeurs de parapluies, les rétameurs... La rapidité du geste dépendait de ce que l'employeur offrait pour accommoder le repas de midi. (lent : un hareng pour trois, plus rapide : un hareng pour deux, encore plus rapide : chac'un hareng).