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Les scieurs de long

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La disparition du métier

Ce serait trop facile de faire porter toutes les accusations sur les scieries mécanisées et de les rendre seules responsables de la disparition des scieurs de long. Pour comprendre l'avancement du métier il faut se replacer dans le contexte du milieu du XIX' siècle et suivre toute l'évolution jusqu'aux années 1950.

Les nouvelles sources d'énergie ont bouleversé bien des données, ainsi que les progrès vertigineux de l'industrialisation. D'autres conséquences étaient dues à la Guerre de 1914-1918 et à la désertification des campagnes qui s'en suivit. Les saisonniers n'émigraient plus comme scieurs de long ; paysans, ils avaient à faire chez eux. Certains abandonnaient leurs terres, quittaient le monde rural, attirés par les villes.

Tous les anciens scieurs de long interrogés pour l'occasion ont en commun le souvenir d'avoir exercé un beau mais rude métier, un crèvecorps. Ils usent des qualificatifs de bagnards, de galériens ou de forçats pour le représenter. Un dicton confirmait qu'aucun scieur de long n'allait en enfer, ils l'avaient connu sur terre. Voici qu'aux côtés des scieurs de long, apparaissaient dans les coupes les scieries ambulantes, avec leur banc de scie à lame circulaire ou à lame sans fin, la scie à ruban, et la grosse chaudière à vapeur montée sur quatre roues, tirée par des chevaux ou des boeufs les déchets de bois nourrissaient le foyer de la locomobile.

Progressivement, les roulotte remplacèrent les cabanes. Les décennies passant, aux chevaux vapeur, succédèrent les moteurs diesels puis électriques.

L'exploitation forestière allait se transformer et le forêts se vider de tout un peuple... 

Adieu ! charbonniers, sabotiers, fagotiers.. Le bûcheron troquait la cognée et le passe-partout contre la tronçonneuse pétaradante.

Adieu ! les scieries volantes elles n'auront pas vécu aussi longtemps que les scieurs de long.

Les progrès en matière de transport ont favorisé le débardage des grumes, il devenait plus économique de déplacer les troncs vers les scieries. Nombre de scieries existant actuellement, ont été, à l'origine, créées par un grand-père scieur de long entreprenant, qui s'était reconverti et avait suivi l'évolution dictée par les temps modernes.

Comment réagiraient nos braves scieurs de long, s'ils savaient qu'en 1996 on scie une bille de 5 mètres de long par 0,35 m. de diamètre en 3 secondes, avec des vitesses d'avance de 120 voire 150 m./minute ? ...

 

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